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12 chapitres, 12 récits abracadabrants, 12 univers aux frontières de l’absurde. L’Absurdistan ? Ici l’enfer 261 ! dresse le portrait d’un pays miné par la corruption et rongé par plusieurs maux. Après un premier livre sorti en 2013, un recueil de textes intitulé : Lettres à mon pays, l’Île de Madagascar : Mais où est-il parti ce meilleur de nous-mêmes?, Jean Razafindambo a laissé de côté sa casquette de journaliste et enfile son costume de romancier éveilleur de conscience. Dans cet épais roman, il se libère des contraintes journalistiques et se livre à un récit-fleuve où, de révélations en révélations, le lecteur va découvrir les rouages d’une corruption institutionnalisée.
L’histoire raconte le cheminement d’un jeune politicien, un certain Amilcar Ramirango, dans sa quête du pouvoir. Il est catholique, homosexuel condamné à ne jamais sortir du placard, homme d’affaires impitoyable et DJ professionnel de l’animation de soirées et de l’organisation d’événements. Ce roi des platines est un communicateur-né, beau garçon par-dessus le marché. Avec son piètre parcours académique, il a très vite compris le jeu du paraître et manie avec aisance l’art d’être ce qu’il n’est pas. Depuis son jeune âge, il pratique l’aïkido qui l’aide à se maîtriser tant sur le plan physique, émotionnel, intellectuel, spirituel que sexuel. Plus tard, il se lancera dans le milieu de la publicité et de la communication.
Tout au long de son parcours, Amilcar se noue des relations qui vont contribuer à la construction de son destin. D’abord, Alizama Refaria, homme d’affaires impitoyable comme lui. Ce personnage sera indissociable de celui d’Amilcar tout au long du récit. Ils sont des amis de longue date et partagent la même orientation sexuelle. Puis, il y a Habibou Rangola, un colonel de la gendarmerie de l’Absurdistan. Il jouera un rôle-clé dans la vie d’Amilcar. Regoor Razaly et Nayar Rakajy viendront compléter le tableau pour constituer les cinq amis inséparables. Un lien renforcé par leur appartenance à la franc-maçonnerie absurdane. Ils ont fait ensemble leur entrée dans cette société secrète.
Pendant que le romancier veut faire croire à un monde sorti de son imaginaire, le journaliste donne des détails parfois troublants. Une ressemblance avec la réalité tout à fait volontaire. Les connaisseurs de la vie politique de l’Absurdistan identifieront sans difficulté les protagonistes du roman. Alizama Refaria a beaucoup diversifié les activités de son entreprise devenue un groupe assez puissant maintenant. En plus du transport de produits pétroliers et de la vente de voitures neuves à ses débuts, son groupe exerce aussi maintenant dans l’hôtellerie et l’organisation de voyages. [...]
Le groupe a créé une clinique médicale privée dotée de matériels et d’équipements médicaux dernier cri. Un autre personnage-clé du roman, Habibou Rangola. Ce militaire formé à l’école de guerre de Saint-Cyr en France est marié à une Absurdane, Sharandra, qui occupe un poste de conseillère dans la nouvelle représentation diplomatique absurdane auprès des Émirats Arabes Unis, basée à Dubaï. Habibou était en poste à la gendarmerie de Rôgnalaoutastan, une ville située dans le Sud-Est de l’Absurdistan. Spécialisé dans l’infiltration des sociétés dites secrètes (organisations terroristes, syndicat du crime organisé), il est en disponibilité. Il est cité 620 fois dans le roman contre 476 pour Amilcar et 214 seulement pour Alizama.
En attendant de nous faire découvrir l’ascension du jeune politicien, l’auteur nous fait découvrir aux côtés du Colonel Habibou les activités des gangs de Motards de Sorel dans le sud-est de l’Absurdistan. Blanchiment d’argent et exploitation illicite de ressources minières, notamment de l’or, des pierres précieuses et même de l’uranium. Il nous raconte avec tendresse l’idylle entre Alizama et Amilcar, alors adolescents, de ce jour où Amilcar n’a pas pu donner sa lettre d’amour à Alizama à leur tout premier baiser. Un autre moment touchant, le coming-out d’Amilcar à sa femme Shari et cette acceptation presque naturelle de son épouse et mère de ses enfants. La complicité qui s’installe entre le couple scelle désormais leur avenir.
Le journaliste intervient souvent pour dénoncer la kleptocratie qu’est devenu l’Absurdistan. Il partage son regard sur la notion de développement – il n’est de développement que d’hommes – aime-t-il rappeler. Défenseur de ces millions de personnes qui luttent tant bien que mal pour survivre, il considère que la corruption n’est pratiquée que par une minorité qui détient les leviers du développement et du pouvoir politique. C’est la société absurdane qui est aussi pointée du doigt tout au long de ce roman. Il dénonce ouvertement la culture des trois V (sexe, honneur et argent), l’acculturation de la société, et les élites qui ignorent leur histoire. Et dans cet état voyou où règne le non-droit, l’homophobie vient se superposer à la misogynie.
Au niveau spatial, c’est le monde à l’envers où tout est en mode verlan. Du nord au sud, le maillage est presque complet. La capitale Ouvirananatanstan abrite l’aéroport international d’Outavistan, porte principale d’entrée et de sortie du territoire de l’Absurdistan. Dans le nord du pays, Zerasoustan comme Beïnostan ou encore la ville carrefour d’Anjambastan jouent un rôle important dans les pseudo-évacuations sanitaires convoyeuses de lingots d’or. Dans l’est, le nickel d’Ambatouferstan (et d’autres minerais) part du port de Miamiémstan pour atteindre directement Toronto. Tandis que dans le sud-ouest, la ville de Toulouzystan est supposée servir d’abri à une branche d’Al Qaeda.
Grand amateur de thrillers, Jean Razafindambo a su rassembler les ingrédients nécessaires pour réussir son roman. Il avait beaucoup à dire. Il est évident qu’il a voulu raconter toutes les absurdités dont il était et est toujours témoin dans le pays cher à son cœur. De la corruption à l'échelle individuelle jusqu'à l'organisation d'un véritable réseau mafieux, il a révélé dans un roman qui prend plutôt l'allure d'une investigation, le mécanisme mais aussi l'organisation des acteurs qui justifient la complexité du problème.
Domoina Ratsara
Journaliste culturelle
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